dimanche 23 septembre 2012

Ce que j'ai lu récemment : Holy Terror

La ville d'Empire City est attaquée par Al Quaida à grand coup de bombes à rasoir. Le justicier masqué The Fixer aura vite pour plan de venger les innocents de cette attaque soudaine d'une menace islamique sans nuance.

Je n'ai pas besoin de dire que Frank Miller est l'un des plus grands illustrateurs du comic book moderne et qu'il aura influencé bon nombre d'autres talents après lui. Signant des classiques tels que Dark Knight Returns et Batman Year One qui sortaient des conventions font l'effet cou de poing auprès de l'industrie du Comic Art en général et l'establishment américain. Il redéfinit son style avec Sin City, son œuvre personnelle. Le problème c'est qu'il n'a jamais arrêté d'écrire Sin City. Il vit dans un monde sans tons de gris ni nuances. Un monde ou la menace doit être éliminé sans pitié et coute que coute. Il mettra peu d'efforts pour caractériser ses personnages et leurs intentions (une de ses faiblesses qui lui coute cher ici). Son message aussi amoral et hypocrite soit-il ne passera pour personne justement parce que tout le monde est tracé aux gros traits, nous laissant incapable de nous relier autant aux victimes du drame qu'aux antagonistes (et je ne vous parle du sort habituel qu'il réserve aux femmes toujours plus flagrantes dans cet essai!). Alors que la première page dénonce la doctrine d'un Islam intégriste, le reste du bouquin appliquera cette même doctrine pour sauver la liberté. Après tout cela, on peut peut-être se rabattre sur le dessin. Celui-ci est toujours aussi fort misant sur grotesque virulent et disgracieux. Certainement un peu trop d’ailleurs avec certaines qui perdent en lisibilité. Le découpage est toujours vif et ingénieux sans forcément apporter de renouveau dans son style.
Sans s'en rendre compte, Frank Miller est fidèle à l'image américaine caricaturale que Réal Godbout et Pierre Fournier auront su pointer du doigt depuis les 30 dernières années. La mission de Ben Laden ayant de plonger l'Amérique dans la terreur aura fonctionné pour Miller et ses comparses républicains qui seront tombés dans le panneau. On connait la marque visuelle de Sin City qui consiste à utiliser le claire obscure avec quelque aplats de couleurs bien choisit aux moments clés. Même si je pense que Miller soit irrécupérable,  je ne lui conseillerai qu'une seule couleur dans sa fresque :

Le gris, beaucoup de gris.


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